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antennerelais
2 juillet 2010

« Bains de foule » de Nicolas Sarkozy : trafics et manipulations au 20H de France 2

La rédaction de France 2 (dirigée par Arlette Chabot) complice de la machine de propagande sarkozyenne.

    

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   David Pujadas                                Arlette Chabot

 

Hier 1er juillet, on apprit que Nicolas Sarkozy avait une nouvelle fois crevé son plancher d'opinions favorables, avec un nouveau minima : 26% (TNS-Sofres).

Le soir, France 2 (télévision publique) y consacrait un sujet :

 


20H France 2 et propagande sarkoyenne (01/07/2010)
   

 

***

 

Analyse plan par plan

    
    

1. Présentation Pujadas (29 secondes, 1 plan) (1)


02

David Pujadas : « Est-ce l'effet du climat de ces derniers jours ? Nous n'avons pas l'habitude dans ce journal d'évoquer les hauts et les bas quotidiens des sondages de popularité. Mais je vous le disais en titre : une enquête d'opinion, qui vient après plusieurs autres, retient l'attention. La côte de confiance de Nicolas Sarkozy atteint un record à la baisse depuis son élection : 26% selon notre partenaire TNS-Sofres, 71% de défiance. Analyse(s) et explication(s) : Alexandre Kara, Mathias Barrois. »
   

(1) En langage cinématographique, « un plan est tout morceau de film compris entre deux changements de plan » (Jacques Aumont, Michel Marie, Dictionnaire théorique et critique du cinéma, Nathan, 2001, p. 157).

Dans le cinéma moderne décadent dont l'emblème est en France Luc Besson (cinéma contemporain de la généralisation du zapping télévisé), un plan aura en général une durée comprise entre 1 et 2 secondes (cet artifice masquera aux spectateurs non avertis l'indigence du scénario, de l'interprétation, et enfin du film tout entier). A l'inverse, le premier plan du film La soif du mal (Orson Welles, 1958) est resté fameux en ceci qu'il consiste en un audacieux plan-séquence (succession de cadrages par mouvements de la caméra sans interruption de la prise de vue), de plus de 3 minutes. 

 

 

2. Reportage France 2 (1 minute et 39 secondes, 16 plans)

 

Plan 1 : Bain de « foule » de Nicolas Sarkozy le matin dans l'Aveyron (6 secondes)
(à 0'29 de la vidéo)

plan_1c

 

(cliquer sur les images pour les agrandir)

Quelques voix ("off" (2), avec aussi des applaudissements) : « Bravooo ! Bravo monsieur le président ! Bravo ! (...) »

Journaliste ("off", avec les "bravo" et applaudissements qui continuent en arrière-plan) : « C'était ce matin dans l'Aveyron. Un bain de foule, et des chocolats...»

(2) On qualifie de "off" un élément sonore dont la source se situe hors-champ (c'est à dire pas à l'image). On parle par exemple de voix off à propos de la voix d'un personnage - ou d'un commentateur - n'étant pas physiquement présent à l'image ("pas dans le champ", autrement dit hors-champ).

 

A l'oreille on remarque que les quelques clameurs et « bravos », survenus à point nommé, émanent d'un même petit groupe de personnes, qui d'ailleurs n'apparaissent pas du tout à l'image. Il y a dans ces clameurs quelque chose de coordonné et répétitif, surtout un côté volontariste, une rapidité dans la répétition des « bravos » (d'ailleurs lancés par quasiment la même personne), qui éveillent le soupçon. Sans doute l'œuvre d'un groupe de militants UMP, ayant pris soin d'éviter le champ de la caméra pour ne pas se trouver ultérieurement identifiés comme militants UMP.

       
Le Monde précisait en effet le 26 janvier dernier (Sarkozy se trouvait alors encore à 32% d'opinions favorables dans le baromètre TNS-Sofres) :

« Les villes visitées par le président sont sous haut contrôle policier. (...) Les rares bains de foule ont lieu avec des militants UMP. Et la police, pesante, empêche toute manifestation d'opinion divergente. »

Et Libération déjà, en septembre 2009 (39% d'opinions favorables dans le TNS-Sofres), à l'occasion de "l'affaire Faurecia" :

« En France comme à l’étranger, tous les lieux où Nicolas Sarkozy pose ses mocassins font l’objet d’une visite préparatoire (le «prépa» dans le jargon élyséen) des services de la Présidence. (...) à l’heure du tout info, ce «prépa» se concentre en priorité sur un message et une image à livrer aux télévisions. Aucune improvisation n’est tolérée. (...) tout est calibré, minuté, répété avec des doublures (...). Des cars de militants sont également convoyés dès lors qu’il faut illustrer un «accueil populaire» ou un bain de foule, comme ce fut le cas à Caen le 6 juin lors de la venue de Barack Obama. »

« Même pour les préfectures rompues aux visites en tout genre, le degré d’exigence des équipes de l’Elysée pour mettre en scène le monde merveilleux de Nicolas Sarkozy est souvent un choc. »

 

Vu les résultats du dernier sondage motivant ce reportage de France 2, on pouvait effectivement se demander où étaient passés tous les mécontents susceptibles de siffler le président (71% de la population d'après TNS-Sofres). La « foule » présente à l'image dans ce plan 1 est en bonne partie composée de personnes âgées (cœur de cible de Nicolas Sarkozy en 2007), souriantes et calmes (et muettes).

Les journalistes de France 2 ne s'intéressent pas du tout à l'identité des "personnes enthousiastes" acclamant Nicolas Sarkozy (sur la bande son), ni aux raisons de leur apparente très grande satisfaction. Pourquoi ?

 

 

Plan 2 : Nicolas Sarkozy déguste un chocolat le matin dans l'Aveyron  (5 secondes)
(à 0'35 de la vidéo)

plan_2a

Journaliste ("off", avec les mêmes « bravos » et applaudissements du plan 1 qui continuent en arrière-plan) : « ...peut-être de quoi réconforter un peu un président au plus bas dans les sondages. »

 

Des curieux sont tenus à distance par plusieurs rangées de sbires. Le cameraman de France 2, lui, est extrêmement bien placé : quasiment le nez sur la boite de chocolats, on le sent là faisant partie intégrante du "dispositif sarkozyen". Chose étonnante, les clameurs continuent en "off" sans discontinuité avec le plan précédent (l'écoute avec un bon casque permet de vérifier la continuité de la même et unique prise de son), alors que ce changement de plan montre à l'image une nette rupture temporelle. Quelqu'un à France 2 a jugé bon de faire durer l'environnement sonore de « bravos » et d'applaudissements du plan 1, jusque sur le plan 2 (environnement apparemment capté durant le plan 1 - mais un trafic de plus grande ampleur est toujours possible). Cette petite manipulation accrédite dans ce plan 2 l'idée d'un « bain de foule » (terme avancé avec aplomb par le journaliste de France 2 dans le plan 1) - alors qu'à l'image absolument rien ne se passe (on voit des têtes de "curieux", muets, s'intercaler entre les sbires placés autour du président).

Au delà, que viennent faire dans ce sujet sur le record d'impopularité de Sarkozy, ces images de « bain de foule » ? Pourquoi n'avoir pas choisi plus logiquement, dans les archives, des images de Sarkozy sifflé ou hué ? Le fait que les images de ce « bain de foule » aient été tournées le matin même, suffit-il à justifier leur présence dans un sujet annoncé comme consacré à la chute de popularité de Sarkozy ? Enfin est-ce un sujet sur la chute de popularité de Sarkozy (comme annoncé par Pujadas), ou un sujet sur son « bain de foule » en Aveyron le matin?

On peut d'ailleurs être saisi d'un horrible doute : ce déplacement de Sarkozy en Aveyron, n'aurait-il eu d'autre objectif que de faire atterrir dans les journaux télévisés du soir quelques images du président dans un (soi-disant) « bain de foule » ? (avec l'active complicité de France 2, comme on a pu le voir - et l'entendre). Le reportage de France 2 ne laisse en tous cas apercevoir aucun autre objectif à ce déplacement sarkozyen en campagne (hormis le fait de déguster un chocolat).

  

  

Plan 3 : Résultats du sondage TNS-Sofres (5 secondes)
(à 0'40 de la vidéo)

 

plan_3

Journaliste  ("off") : « 26% de côte de confiance : jamais les français n'avaient exprimé un tel désamour pour le chef de l'Etat. »

« Désamour » : difficile de trouver mot plus complaisant voire courtisan...

 

 

Plan 4 : Réaction Yves Jego (12 secondes)
(à 0'45 de la vidéo)

plan_4

Yves Jego : « Quand vous êtes dans un navire, que ça secoue et que vous avez le mal de mer et envie de vomir, vous en voulez beaucoup au capitaine d'être dans la tempête. Quand il vous a sorti de la tempête en bon état et que vous arrivez au port sain et sauf, vous le remerciez. »

 

Pour connaître l'identité de celui qui parle, il faut attendre l'ultime seconde de sa déclaration, et surtout, pour avoir le temps de lire le bandeau qui apparaît, les premières secondes de la réaction suivante :

 

  

Plan 5 : Réaction Harlem Désir (8 secondes)
(à 0'57 de la vidéo)

plan_5

Harlem Désir : « C'est inquiétant, parce que dans ce moment de crise on aurait besoin d'une France qui aurait confiance dans le capitaine, mais l'équipage est discrédité par les scandales... »

 

On aurait aimé entendre la fin de la phrase de Harlem Désir (qui reprend bizarrement l'image du « capitaine » - lui et Jego semblent devoir s'exprimer par images, comme s'ils s'adressaient à des enfants ou des décérébrés).

Harlem Désir n'est lui présenté par aucun bandeau à l'image.

 

 

Plans 6 à 9 : Images de la victoire de Sarkozy au soir du 2ème tour de la présidentielle 2007 (5 secondes)
(à 1'05 de la vidéo)

plan_6   plan_7

plan_8   plan_9

Journaliste ("off") : « Mai 2007, c'est "l'état de grâce". 65% des français accordent leur confiance à Nicolas Sarkozy. »

 

Pour évoquer l'accession de Sarkozy à la présidence, le réalisateur a opté pour un découpage tout bessonien (cf. note (1) dans "1. Présentation Pujadas") : 4 plans en 5 secondes. Artifice rendu nécessaire, on l'a vu, par un scénario et/ou une interprétation calamiteuses.

On attend toujours, pour illustrer ce reportage de France 2 sur le dernier record d'impopularité de Nicolas Sarkozy (nous sommes en juillet 2010), des images de Sarkozy sifflé ou hué.
   

 

Plan 10 : Courbe popularité Sarkozy (12 secondes)
(à 1'10 de la vidéo)

plan_10

 

Journaliste ("off") : « Mais en moins d'un an, ce chiffre est divisé par deux. Malgré quelques soubresauts, la popularité du chef de l'Etat baisse de façon continue, pour atteindre son plus bas niveau après trois ans de pouvoir. »

 

Sur le graphique présenté, l'échelonnement vertical très tassé atténue fortement la sensation d'une "chute" de popularité. Le graphique livré par TNS-Sofres avec son sondage n'est guère plus éloquent. Pour visualiser une "chute", il faut consulter le graphique signé dedalus (courbe rouge pour TNS-Sofres) - voir aussi la moyenne sur huit sondages régulièrement actualisée par le même dedalus.

Mise à jour 07/07/2010. Un contributeur nous adresse par mail cette précision : « dans le graphique de popularité, non seulement l'échelle verticale est tassée... mais le point Avril 2008 à 32% est décalé vers la droite (...) adoucissant également l'effet "de chute" de la courbe... »

 

 

Plan 11 : Bain de « foule » de Nicolas Sarkozy le matin dans l'Aveyron (4 secondes)
(à 1'22 de la vidéo)

plan_11a

 

Journaliste ("off") : « Une chute, qui s'explique d'abord par des raisons de politique intérieure. »

   
Totale inadéquation entre le commentaire et l'image. Le journaliste parle de « chute » de popularité : pendant ce temps l'image montre Sarkozy serrant des mains dans un petit « bain de foule » (les enfants ont sagement été mis en avant).

 

 

Plan 12 : Analyse de Stéphane Rozès (7 secondes)
(à 1'26 de la vidéo)

plan_12

 

Stéphane Rozès : « La crise morale, qui atteint le pouvoir actuel, touche dorénavant un électorat traditionnel de la droite. »

   

    

Plan 13 :  Bain de « foule » de Nicolas Sarkozy le matin dans l'Aveyron (5 secondes)
(à 1'33 de la vidéo)

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Journaliste ("off") : « Au même moment en Europe, d'autres leaders connaissent des chutes de confiance. »

   
Le retour d'un plan de Sarkozy en Aveyron est ici totalement incongru ! A moins de vouloir signifier que, contrairement aux « autres leaders » européens dont parle le journaliste, Sarkozy conserve, lui, l'amitié de la foule...

Mis à part les gardes du corps, la « foule » est ici constituée à l'image par une quinzaine de personnes, principalement intéressées par le fait de photographier Sarkozy. Le format large 16:9 de l'image, par rapport à l'ancien "format télé" 4:3, complique manifestement la mise en scène du « bain de foule » sarkozyen. La presque entière moitié droite de l'image n'est meublée qu'à grand peine, par les suivants de Sarkozy.

On remarque, à l'extrême gauche de l'image, un barbu à cheveux blancs et à pull rayé bleu clair (flèche jaune), occupé comme les autres à photographier le président. Que ne l'a-t-il fait plus tôt ! Ce même personnage était en effet déjà présent dans le plan 1 et fort bien placé : il y figurait déjà un "simple badaud", mais placé devant la première ligne de "spectateurs", au contact direct de Sarkozy : à l'égal des sbires entourant le président. Ce glorieux militant UMP (ayant revêtu pour l'occasion un pull de paysan) était manifestement, lors de ce déplacement sarkozyen, chargé d'une double mission : figurer un badaud amical ; et veiller au bon déroulement de l'opération, assurer même le cas échéant une ultime sécurité pour Sarkozy (dans le plan 1 ce barbu UMP offrait au président la protection de son corps, côté « foule »).

Pour mémoire, extraits du plan 1 (cliquer sur les images pour agrandir) :

plan_1a2       plan_1c2

 

 

Plan 14 : Popularité de Merkel et Zapatero (9 secondes)
(à 1'38 de la vidéo)

plan_14

 

Journaliste ("off") : « Angela Merkel en Allemagne à 40%, ou Zapatero en Espagne à 14%. Alors la baisse de la popularité de Nicolas Sarkozy, s'inscrit-elle dans un contexte de crise internationale ? »

 

 

Plan 15 : Analyse de Stéphane Rozès, suite (14 secondes)
(à 1'47 de la vidéo)

plan_15

Stéphane Rozès : « Nicolas Sarkozy fait les frais d'une conjonction entre une situation internationale et une crise économique et sociale difficile(s), mais à laquelle se rajoute, contrairement à d'autres pays, une crise morale... »

   
La fin de la phrase de Stéphane Rozès était peut-être intéressante, on ne le saura pas.
    
    

  

Plan 16 : Bain de « foule » de Nicolas Sarkozy le matin dans l'Aveyron (7 secondes)
(à 2'01 de la vidéo)

plan_16b

 

Journaliste ("off") : « En tous cas cette fois, le style du président n'est pas cité en priorité pour expliquer cette baisse de popularité. »

   
Triomphal (et ultime) plan du reportage de France 2 (théoriquement consacré au dernier record d'impopularité de Sarkozy), tel un "happy end" de pacotille : Sarkozy une nouvelle fois "fêté" en Aveyron !

Le journaliste a, on le voit, soigneusement évité de rebondir sur la « crise morale » évoquée deux fois par Stéphane Rozès.

 

 

Conclusion : honte à la rédaction de France 2 (dirigée par Arlette Chabot)

 

Le déplacement de Sarkozy en Aveyron, manifestement dicté, en ces temps de record d'impopularité, par le besoin de diffuser dans les journaux télévisés des images d'un président "acclamé par la foule", aura été très docilement et complaisamment relayé par la rédaction de France 2. Et ceci, comble de l'ironie et de la complaisance : au sein d'un sujet sur le dernier record d'impopularité présidentielle ! Ce qui en atténuait de facto la portée.

Dans ce reportage de France 2, théoriquement consacré, d'après ce qu'annonçait Pujadas, au nouveau record d'impopularité de Nicolas Sarkozy, les seules images filmées montrant Nicolas Sarkozy sont donc des images de Sarkozy acclamé (au moins par la bande son) et/ou serrant des mains (de personnes âgées et d'enfants). Ces images d'un président entouré d'amicaux voire enthousiastes sujets, totalisent le tiers de la durée du reportage, et plus de la moitié des plans : 32 secondes sur 1mn39, et 9 plans sur 16 (plans 1 et 2 ; plans 6 à 9 ; plan 11 ; plan 13 ; plan 16). Les « bains de foule » de Sarkozy en Aveyron le matin totalisent à eux seuls 27 secondes (plus du quart du reportage), et 5 plans sur 16.

La rédaction de France 2 se montre totalement silencieuse sur la manipulation sarkozyenne, avérée et qu'elle ne peut ignorer, consistant à fabriquer des scènes de « bains de foule » au moyen de militants UMP (amenés là spécialement en bus selon certaines sources), ceci à destination des journaux télévisés. Davantage : France 2 assure elle-même la mise en boite des images ! La rédaction de France 2 a abdiqué avec ce "reportage" tout devoir critique minimal : elle n'est plus qu'un agent, actif (et central), de la propagande sarkozyenne.

La rédaction de France 2 a été jusqu'à user d'une manipulation dans le montage sonore du reportage (plan 2), donnant par là un peu plus de consistance au « bain de foule » sarkozyen du matin en Aveyron.

Toute cette bouillie, cette pâtée pour chats d'une révulsante et indigne complaisance, aura été ingurgitée par des centaines de milliers de citoyens en âge de voter.

 

***

 

Mise à jour 03/07/2010

 

Hasard de l'actualité :

Communiqué : David Pujadas reçoit sa "Laisse d'or" (Le Plan B)

« Le 30 juin 2010 vers 21 h 30, alors que le présentateur du journal télévisé de France 2 David Pujadas quittait les bureaux de France Télévisions, une délégation l’attend sur le trottoir pour lui remettre le trophée le plus convoité du Parti de la presse et de l’argent (PPA) : la Laisse d’or. »

   
   

Mise à jour

 

Suscité par le présent billet et saisi au vol sur "twitter", intéressant dialogue entre deux journalistes, l'un de France 2 (journaliste 1), l'autre de France Info (journaliste 2) :

    
Journaliste 1 [mode ironique] : « Plus fort que Le Plan B, plus fort qu'Acrimed. Les purs parmi les purs. http://bit.ly/c6eBAd »

Journaliste 2 : « bah si notre métier réussissait plus souvent à se remettre en question, ces gens n'existeraient pas »

Journaliste 1 : « tsss, tss, je pense que tu te trompes, ils existeraient de toute façon. Quoi qu'on dise, quoi qu'on fasse, c'est une posture. »

Journaliste 2 : « parfois derrière la gaudriole ou l'acrimonie tu trouves des critiques fondées (l'unanimité autour du livre d'Aubenas) »

Journaliste 1 : « C'est le systématisme de leurs critiques qui les décridibilisent. Alors que certaines en effet peuvent être fondées »


    

Pour répondre ici au « c'est une posture » du journaliste de France 2, on peut préciser que le présent blog a été ouvert début 2007, en pleine campagne présidentielle, non pour tenir une « posture » : mais avec le sentiment viscéral qu'il fallait absolument "faire quelque chose" devant l'invraisemblable abaissement des médias dominants, si prompts à relayer du matin au soir la propagande sarkozyenne (qui visait entre autres à décrédibiliser par tous les moyens la candidate socialiste). Jamais on aurait pu imaginer possible, "dans un pays comme la France", une telle intox ainsi déversée du matin au soir sur les ondes, une telle démission de tout devoir critique (une telle veulerie pour tout dire) de la part de journalistes travaillant sur les ondes ou dans la presse (mais il est bien vrai qu'il faut gagner sa croûte) ; enfin c'était véritablement à n'y pas croire.

Cet invraisemblable abaissement, qui aura coûté au pays l'élection de l'actuel président, a persisté jusqu'en décembre 2007 (moment où la côte de popularité de Sarkozy atteignit les profondeurs avec les épisodes "Kadhafi à Paris", "Sarkozy et Bruni à Disneyland" et autres "Sarko et Bigard chez le Pape"). A partir de ce moment, on put constater une sorte de relatif "réveil" des médias. Il redevint par exemple possible d'écouter de temps à autre les infos télévisées sans vomir incontinent. Hélas, comme l'écrivait en mai 2008 un de nos collaborateurs :

« Après avoir été durant la campagne, de façon éhontée, les principaux agents de la mystification sarkozyenne, les médias "officiels" retournent leur veste et reviennent maintenant à davantage d'impartialité (pour ne pas se faire "lyncher" avec le principal coupable sans doute), mais c'est TROP TARD. »

 

***

   
Comme l'a plusieurs fois fait remarquer l'excellent et indispensable Noam Chomsky, les journalistes sont ordinairement convaincus de leur "indépendance", alors même qu'il véhiculent une "vision du monde" étroite et stéréotypée ne remettant pas en cause les intérêts des puissants (ou « intérêts privés » comme dit Chomsky) (3) - à commencer par ceux des propriétaires ou actionnaires principaux des médias employant lesdits journalistes (4).

(3) « Les dominants ont recours aux services symboliques de mercenaires - experts, journalistes, plumitifs, publicitaires, etc. - qui donnent à leur vision du monde un puissant renfort de tous les instants. »(Pierre Bourdieu, Entretien avec N. Roméas, Art et politique N° 40 - mars 2001)

(4) Mise à jour juillet 2011. Une journaliste avouait il y a deux mois sur le plateau de @rrêtsurimages : « on n'a plus la même sérénité d'esprit qu'à l'époque où les journaux étaient détenus par les rédactions.» (à 55'55 de la vidéo téléchargeable LA)
 

Dans le dialogue entre les deux journalistes plus haut, on sent pourtant quelque part comme une lutte intérieure : entre, d'une part, la bienfaisante habitude (le sentiment d'être un journaliste libre, le sentiment que « ces gens » qui pratiquent la critique de médias forment une sorte de peuplade étrange), et d'autre part des scrupules s'agitant plus ou moins en coulisses - un peu à la façon des tourments saisissant les esprits confrontés à des idées nouvelles remettant en cause leur "vision du monde" traditionnelle (idées nouvelles génératrices de trouble et de déni) : par exemple le fait que la Terre tourne autour du Soleil et non l'inverse.

Les idées nouvelles véhiculées par les "critiques de médias" (dont Chomsky est en quelque sorte le Pape), sont appelées à se diffuser progressivement et naturellement dans les esprits (la défiance de la population envers les médias d'information est un signe assez éloquent), et ceci, y compris chez les membres de la corporation journalistique (là se trouveront peut-être les derniers récalcitrants, en raison du formatage opéré dans les écoles de journalisme). Pour l'heure espérons simplement qu'il ne faille pas attendre la campagne présidentielle 2017 pour apprécier, chez les journalistes travaillant au sein des différents médias dominants, et au rebours de ce qui s'est passé en 2007, un minimum de dignité, un minimum d'esprit critique - ou, pour reprendre les mots du journaliste 2 cité plus haut, un minimum de remise en question !

 

 

Mise à jour 08/07/2010

 

Rebelote 5 jours plus tard ! A lire sur :

Nouveau « bain de foule » sarkozyen factice au 20H de France 2 !

 

 

******

A consulter aussi :

Sarkozy hué au Salon de l'agriculture (février 2008, TNS Sofres = 41%) - vidéo

Nicolas Sarkozy, hué à Tarbes (mars 2008, TNS Sofres = 38%) - vidéo

Les apprentis huent le nom de Nicolas Sarkozy (octobre 2008, TNS Sofres = 36%) - vidéo

Sarkozy hué et décrié au Salon de l'agriculture (mars 2010, TNS Sofres = 31%) - vidéo

Le 20H de France 2 complice de la propagande sarkozyenne ("Mise à jour 17/12/2007")

Pujadas : Un labsus sonnant comme un aveu de collusion (décembre 2007) - vidéo
   

      

Billet également publié par :
Agoravox
didier.cardon37
voltaire.2000

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Commentaires
V
sarkosy est un orfevre pour acheter les journalistes, pour chabot ce fut fait depuis longtemps- pour pernod de tf1, il était déja de droite très réac à sa naissance.
Répondre
D
De confiance, ou d'alerte, la "côte" n'est pas la "cote".<br /> De la "côte" d'Adam, serait sortie Eve, la diabolique.<br /> Pour ce qui est de la cote de confiance, on n'est pas dans l'os !
Répondre
T
Pujadas (ou Pajudas)est un petit clown<br /> Chabot un OGM
Répondre
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